Note IPP n°35
Septembre 2018
Auteurs : Julien Grenet et Youssef Souidi
Contact : julien.grenet@psemail.eu
Déclaration commune du Collectif Apprendre Ensemble (France) et du Mouvement L’école ensemble (Québec) à l’occasion de la visite au Québec de M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse de France :
« L’enjeu principal de la rencontre qu’aura M. Blanquer avec son homologue québécois, M. Jean-François Roberge, doit être la lutte contre la ségrégation scolaire. En rendant visite à deux écoles privées subventionnées1, le ministre Blanquer envoie malheureusement le message que le tri socioéconomique des enfants est acceptable, voire souhaitable.
« Le rapport L’injuste système d’éducation québécois est venu récemment confirmer grâce à des données de l’OCDE ce dont tout le monde se doutait : le Québec a le système d’éducation le plus injuste au Canada. En triant les élèves dans trois réseaux (privé subventionné, public sélectif et public ordinaire), le Québec maximise le lien entre l’origine socioéconomique des enfants et leurs résultats. Tous n’ont pas la même chance d’apprendre.
« Les mêmes données de l’OCDE indiquent que le système éducatif français figure parmi les pires au monde en matière de reproduction des inégalités sociales. Elles confirment ainsi que l’école républicaine s’éloigne de plus en plus de ses idéaux. En France, la répartition des moyens entre les territoires et entre les établissements est injuste. Et le système privé jouit d’un financement identique à celui du public alors qu’il sélectionne ses élèves et favorise la discrimination. Le constat est limpide : nos enfants grandissent séparément et apprennent dans un système à deux vitesses.
« En ce qui concerne leur système d’éducation, Français et Québécois sont des cousins d’infortune. Nos systèmes se contentent de reproduire les inégalités sociales. C’est une vérité qui dérange. Nos ministres de l’Éducation doivent cesser de l’ignorer. »
[1] : Source : Le ministre français de l’Éducation nationale à Montréal les 24 et 25 octobre.
À propos des organismes :
Le Collectif Apprendre Ensemble est un collectif de parents de Paris qui agit contre la ségrégation scolaire et pour la réussite de tous les enfants. [collectif-apprendre-ensemble.fr] | Créé à l’initiative de parents, le Mouvement L’école ensemble fait campagne contre la ségrégation scolaire et propose des solutions politiques pour en arriver à une école équitable, sereine, commune et efficace. [ecoleensemble.com/a_propos] |
Informations et entrevues :
Alexandra Nizak Présidente Collectif Apprendre Ensemble t : +33 6 62 45 43 62 contact@collectif-apprendre-ensemble.fr | Stéphane Vigneault Coordonnateur Mouvement L’école ensemble t : +1 819.968.3524 sv@ecoleensemble.com |
Retour sur la mise en œuvre des secteurs multi-collèges dans le 18e : l’étude de Julien Grenet est sortie !
À lire sans faute, au moment où on commence à étudier d’autres secteurs de ce type dans Paris avec l’Observatoire parisien de la mixité sociale et de la réussite éducative…
Les collèges parisiens se caractérisent par des niveaux de ségrégation sociale parmi les plus élevés de France, du fait de l’ampleur des contrastes sociaux qui opposent des quartiers pourtant proches géographiquement et de l’importance de l’évitement vers le secteur privé des catégories sociales les plus favorisées. Face à ce constat, le Conseil de Paris a voté au mois de janvier 2017 la création de trois secteurs bi-collèges dans les 18e et 19e arrondissements. Ce dispositif a consisté à mettre en place des secteurs communs à plusieurs collèges afin de diversifier leur recrutement social. Le bilan provisoire que l’on peut tirer de la première année d’expérimentation (2017-2018) est encourageant. Deux des trois secteurs ont atteint leur objectif de mixité sociale et ont entraîné une diminution de l’évitement vers le secteur privé. Si le troisième secteur n’a pas permis de rééquilibrer à court terme la composition sociale des collèges concernés, les résultats de l’évaluation permettent d’envisager plusieurs pistes d’amélioration.
Note IPP n°35
Septembre 2018
Auteurs : Julien Grenet et Youssef Souidi
Contact : julien.grenet@psemail.eu
On commence par vous souhaiter à tous et toutes (parents / enfants) une très belle rentrée !
Elle est accompagnée comme tous les ans de nombreux articles et dossiers dans la presse, sujets télés ou radio, et nous voulions vous signaler que le Collectif Apprendre Ensemble est dans l’émission LSD La série documentaire diffusée sur France Culture les 3, 4, 5 et 6 septembre !
A écouter : 4 épisodes de 55 minutes pour parler de l’Ecole républicaine au péril des inégalités sociales : on attend bien sûr vos commentaires et réactions sur cette émission….
Rendez-vous dans l’épisode 3 diffusé mercredi 5 septembre pour nous entendre, et vous pourrez aussi retrouvez tous les épisodes en podcast sur le site de Radio France.
Nous sommes également invités à participer à la première réunion de l’Observatoire Parisien de la Mixité Sociale et de la Réussite Éducative qui aura lieu jeudi 6 septembre.
Nous reviendrons évidemment sur cette première rencontre ici-même, rapidement….
Les deuxièmes États-Généraux de l’Éducation dans les quartiers populaires organisés le 7 et 8 avril 2018 à Créteil ont accueilli des parents, acteurs, chercheurs de Toulouse, Montpellier, Marseille, Limoges, Grenoble, Paris, Metz, Stains, La Courneuve… et même de Belgique. Seul Absent et à notre grand regret le ministère de l’Éducation Nationale qui au vu du constat unanime des participants aurait pu saisir l’urgence sociale à agir.
Ces deuxièmes États-Généraux de l’Éducation confirment l’absolue nécessité de la mise en oeuvre d’une réelle politique de lutte contre les inégalités et ségrégations scolaires dans les quartiers populaires.
Pour le moment, le gouvernement, hormis les classes à 12 élèves dans les REP/REP+, n’a pris aucune mesure significative en direction des quartiers populaires. Dans le même temps, on a vu le retour des options (bilangues, européennes, latin) qui accentuent les pratiques d’évitements et contribuent à ségréguer un peu plus certains établissements. L’obligation de scolarisation à 3 ans envisagée permettra de financer le privé, qui pourra accroitre son offre et ainsi continuer à participer à la dégradation du service public d’éducation.
Un cahier de doléances avec des préconisations issues des EGE sera prochainement présenté au Ministère, nous voulons faire de la promesse républicaine une réalité. Nous ne perdons pas de vue les ambitions de Victor Hugo: la liberté c’est un droit, l’égalité c’est un fait et la fraternité c’est un devoir.
Au vu de la situation désastreuse, nous proposons un plan national de lutte contre la ségrégation scolaire et pour l’égalité à l’école. D’une part, il est important de légiférer par une loi sur l’égalité à l’école qui donnera de réels moyens pour lutter contre les ségrégations scolaires (du type loi SRU), une proposition avec des points précis sera faite en ce sens.
D’autre part, des préconisations seront faites pour une meilleure répartition des moyen humains et financiers, qui prenne en compte toutes les défaillances constatées aux deux États Généraux de l’éducation dans les quartiers populaires.
Le comité d’organisation des Etats Généraux de l’Education dans les quartiers populaires
FFR, PARENTS, Pacte 34, Espoir 34, le Collectif Apprendre Ensemble et le Collectif du Petit-Bard Pergola ont le plaisir de vous inviter aux seconds États-Généraux de l’éducation dans les quartiers populaires !
Les États-Généraux de l’éducation dans les quartiers populaires ont pour ambition de réunir l’ensemble des acteurs de l’éducation – associations, parents, professeurs – avec l’appui de chercheurs, experts, représentants des pouvoirs publics sur les problématiques liées à l’éducation, en vue de co-construire des solutions pertinentes.
Cet événement est à l’initiative de l’union de plusieurs associations et collectifs implantés sur l’ensemble du territoire et dans des quartiers dits populaires. Nous avons pour objectif de trouver des solutions viables et pérennes pour favoriser la mixité sociale à l’école, agir en faveur de l’égalité pour tous, lutter contre les discriminations scolaires et favoriser l’inscription citoyenne de tous les enfants dans leur République.
Nous espérons que ces États-Généraux nous permettrons d’engager une dynamique constructive locale et nationale pour chercher, trouver, proposer, co-construire des solutions viables et pérennes visant à favoriser partout la cohésion sociale et combattre les phénomènes ségrégatifs.
Samedi 7 et dimanche 8 avril 2018
Maison des Syndicats
11, rue des Archives
94000 CRÉTEIL
Métro : Ligne 8, arrêt Créteil-Préfecture
Contact pour les États Généraux de L’éducation dans les quartiers populaires
nouscontacter.ege@gmail.com
téléphone : 06 22 16 40 29
L’année commence fort : Libération consacre un dossier complet au sujet de la mixité et de la ségrégation scolaire, en abordant les logiques d’évitements, les dilemmes des parents et les inquiétudes sur le niveau ou le climat scolaire dans les quartiers mixtes ou défavorisés.
L’article principal, “Les parents déchirés par l’école“, est signé de Michel Becquembois (dont vous vous souvenez peut-être de l’adresse “A mes amis qui trichent avec la carte scolaire“).
Un entretien avec Eric Maurin, économiste et directeur d’études à l’EHESS, qui dénoue les liens entre réputation, climat scolaire et résultats : “Quand on compare aujourd’hui les destins de personnes de générations similaires selon leur région d’origine, on constate que celles qui ont grandi avec le collège unique, dans un système beaucoup plus mixte socialement, ont aujourd’hui de meilleures carrières avec des salaires plus élevés. ”
Enfin, le dossier fait la part belle à notre Collectif, avec une tribune “Laisser les enfants apprendre ensemble dans leur quartier” que nous vous encourageons à lire et à partager, bien sûr !
Le chercheur publie et analyse les résultats de travaux de Julien Grenet dans un article sur son blog:
Il montre que la ségrégation est extrême dans les collèges parisiens, et insiste sur le rôle du privé, dont seulement 4 collèges sur 66 ont un taux d’élèves défavorisés (à peine) supérieur à la moyenne parisienne qui est de 16%.
Il insiste sur la possibilité de créer rapidement de la mixité en donnant l’exemple des mesures prises pour l’affectation en lycée sur l’académie de Paris.
Enfin, il mentionne la frilosité des politiques à prendre les mesures nécessaires (des secteurs multi-collèges avec des un système d’affectation adapté). Ils sont conscient de l’urgence de la situation, mais craignent la réaction des électeurs. C’est à nous parents de montrer que nous sommes nombreux à vouloir une solution comprise par tous, juste et acceptable, dans l’intérêt de tous nos enfants.