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Les réponses d’Annick Lepetit à notre questionnaire

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LES RÉPONSES AU QUESTIONNAIRE DU COLLECTIF APPRENDRE ENSEMBLE
 D’ANNICK LEPETIT, CANDIDATE DU PARTI SOCIALISTE
AUX LÉGISLATIVES DANS LA 3ème CIRCONSCRIPTION

Selon vous, quelles mesures faut-il prendre pour lutter contre la forte ségrégation sociale qui existe dans les établissements scolaires du 17e et du 18e arrondissement ?

La ségrégation sociale au sein des établissements scolaires est souvent liée à la ségrégation dans le logement. Les outils à notre disposition face à ce constat, sont la modification de la carte scolaire et une meilleure répartition des logements sociaux.
Je me suis fortement engagée pour la réforme de l’éducation prioritaire et son application en faveur des écoles de ma circonscription en 2014. J’ai aussi depuis très longtemps milité aux coté de la FCPE pour que la sectorisation des collèges situés aux portes de Paris soit modifiée. Je pense en particulier au collège Boris Vian, dans le 17ème, qui non seulement ne bénéficiait pas de l’éducation prioritaire mais avait une carte scolaire “horizontale”. Siégeant au conseil d’administration, je peux en mesurer aujourd’hui, les bénéfices pour les élèves et l’équipe pédagogique.
Sur le logement, je me suis engagée à l’Assemblée nationale pour lutter contre la ségrégation dans le logement. La loi Egalité et citoyenneté, dont j’ai présidé la commission, a pour objectif de rompre avec la logique de mettre ensemble les plus pauvres. J’ai voté l’obligation d’attribuer aux personnes les plus modestes un quart des logements sociaux qui ne sont pas situés dans les quartiers en politique de la ville (quartiers dit prioritaires). Parallèlement, dans ces quartiers, la moitié des attributions devront être faites à des ménages identifiés davantage « classes moyennes » compte-tenu de leurs revenus, principalement pour des jeunes actifs ou des salariés.

Quel regard portez-vous sur l’expérimentation des secteurs multi-collèges dans le 18è arrt ?

Je suis favorable à tout projet qui propose une approche nouvelle pour plus de mixité dans les établissements scolaires.
J’émets néanmoins quelques réserves concernant le nombre d’établissement impliqués et l’étendue de l’expérimentation. J’aurais souhaité qu’il y ait davantage d’établissements concernés au départ de cette expérimentation. J’aurais aussi préféré que les parents d’élèves soient mieux informés dès lors qu’on leur demande leur collaboration. Je l’ai dit lorsque j’ai été moi même informée et je l’ai répété publiquement au Conseil de Paris.
Je forme le vœu que le rectorat ainsi que la Mairie de Paris travaillent plus en amont et plus collectif !
Cela dit, j’ai pour habitude d’assumer ce que je vote et je travaille pour que ce dispositif soit une réussite. La lutte pour la mixité sociale est l’affaire de tous.

Dans les territoires où l’évitement crée une ségrégation inacceptable, l’État pourrait imposer aux parties concernées d’agir. Qu’en pensez-vous ?

L’Etat prend déjà sa part pour juguler le phénomène d’évitement, en créant des programmes attractifs au sein d’établissements qui pâtissent d’une « mauvaise image ». La création de classe à horaires aménagés sport, par exemple, pour la rentrée prochaine à Boris Vian permet d’attirer un public plus varié. Il existe plusieurs classes de ce genre dans les établissements REP.
Les parents parviendront toujours à contourner les établissements où ils ne veulent pas aller, souvent pour de mauvaises raisons ou par méconnaissance de la situation réelle de l’école. Aussi, le rôle de l’Etat est de rendre l’enseignement public accessible à tous, avec un niveau équivalent et d’assurer de bonnes conditions d’apprentissage.
La réputation d’un établissement peut changer très rapidement. Dans le bon sens aussi puisque c’est déjà le cas pour le collège Berlioz, avec l’arrivée d’une nouvelle direction très dynamique.

Selon vous, l’enseignement privé devrait-il être soumis à des règles pour accueillir des élèves d’une plus grande diversité sociale et scolaire ? Si oui, comment ? Sinon, pourquoi ?

Oui. L’enseignement privé reçoit des fonds publics importants. Nous sommes donc en droit d’attendre de lui un engagement certain pour la société et il doit prendre sa part lui aussi dans le combat pour la mixité sociale. Nous devons l’inciter davantage sans que cela déclenche des réactions d’hostilités brutales comme nous en avons connu. A Paris, plus qu’en province, les établissements privés se sentent peu concernés par cette question. Il est temps de se mettre autour de la table pour en parler et avancer.

Quelle priorité accorderez-vous à ces problématiques dans votre action au sein de l’Assemblée nationale ?

Lors de la dernière mandature, j’ai siégé à la commission des Affaires culturelles et  de l’Education. Je suis prête à en faire de nouveau partie car nous avons encore beaucoup de travail à faire. Je défendrai l’Education nationale pour qu’elle demeure le premier budget de l’Etat. Ce doit être la fierté d’un pays que d’investir dans la formation de sa jeunesse.

Quelles actions envisagez-vous ?

J’ai soutenu grâce à ma réserve parlementaire l’association Zup de co qui met en place du tutorat au sein du collège Berlioz. Les retours que j’en ai sont extrêmement positifs, de la part des parents comme des enseignants.
Je constate que l’enseignement français repose sur deux temps d’apprentissage, notamment au collège : celui qui se fait à l’école et celui des devoirs à la maison. Lorsque l’élève quitte l’école, les inégalités se font plus criantes. Entre ceux qui seront dans de bonnes conditions pour faire leurs devoirs et ceux qui ne le seront pas.
Je prône donc la création d’une sorte de service public des devoirs à l’école. Le président de la République semble aller dans ce sens, mais il faudra y mettre les moyens. Les devoirs à l’école doivent être encadré par du personnel formé. Ainsi, l’élève pourra être aidé selon ses difficultés, qu’il soit socialement défavorisé ou pas.

Les réponses de Stanislas Guérini à notre questionnaire

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LES RÉPONSES AU QUESTIONNAIRE DU COLLECTIF APPRENDRE ENSEMBLE
 DE STANISLAS GUERINI, CANDIDAT DE LA REPUBLIQUE EN MARCHE
AUX LÉGISLATIVES DANS LA 3ème CIRCONSCRIPTION

Selon vous, quelles mesures faut-il prendre pour lutter contre la forte ségrégation sociale qui existe dans les établissements scolaires du 17e et du 18e arrondissement ?

L’enquête Pisa 2015 a rappelé que la France se place en tête des pays de l’OCDE où l’origine socio-économique pèse le plus sur le destin scolaire. Et la situation en REP est particulièrement alarmante lorsque l’on sait que les élèves scolarisés dans un établissement de l’éducation prioritaire ont des résultats très inférieurs à la moyenne nationale (Enquête, Cycle des évaluations disciplinaires réalisées sur échantillon ; Ministère de l’Éducation nationale, 2015).
On ne peut pas se satisfaire de ce constat.
Pour que la France ne se résigne plus à l’abandon d’une part croissante de sa jeunesse, il m’apparaît essentiel de favoriser la mixite sociale. Les effets de pairs jouent en effet un rôle crucial dans le succès ou l’échec de nos enfants.
Dans ce contexte, notre programme vise à créer de l’excellence dans les établissements défavorisés. Notre priorité est de construire une école qui garantisse de l’excellence partout, y compris dans les établissements qui obtiennent aujourd’hui les moins bons résultats.
Dans le projet que je porterai, l’atteinte d’une plus grande mixité sociale passera par des mesures visant à aider les établissements des zones prioritaires (REP et REP+) en assumant une politique de différenciation des moyens (division par 2 du nombre d’élèves en CP/CE1, enseignants plus expérimentés et mieux rémunérés). Je porterai également le renforcement de l’autonomie des établissements. Cette part plus grande d’autonomie permettra de porter des projets pédagogiques, par exemple créer des classes bilangues, européennes etc. qui pourront favoriser l’attractivité des établissements qui obtiennent aujourd’hui des résultats inférieurs à la moyenne nationale.
J’ajoute que je soutiendrai des mesures visant à renforcer la mixité dans des activités périscolaires (transparence accrue dans les critères d’inscription, soutien aux familles défavorisées etc.) Là où l’école cristallise beaucoup de craintes et de réticences de la part des familles, cela me semble être de nature à créer un cercle vertueux démontrant l’intérêt pour toutes les familles de favoriser in fine la mixité scolaire.

Quel regard portez-vous sur l’expérimentation des secteurs multi-collèges dans le 18è arrt ?

Je l’ai indiqué, je crois à la nécessité d’une véritable mixité sociale.
Cependant, je suis persuadé qu’une mixité scolaire accrue doit être acceptée par l’ensemble des acteurs concernés (parents de l’ensemble des établissements) et nécessite donc de créer un consensus qui n’a pas réussi à émerger dans le cadre de l’expérimentation multi-collèges du 18ème arrondissement. Les familles que j’ai rencontrées m’ont fait part de leur crainte de rentrer justement dans le cadre d’un programme « d’expérimentation » et ont eu le sentiment d’un manque de concertation et d’information.
Je serais favorable à ce qu’on mette en oeuvre, en tout premier lieu, une politique de différenciation des moyens plus nette, pour donner un vrai bénéfice aux établissements les moins favorisés. De cette manière, les parents pourraient se voir assurer que ces établissements bénéficieront de moyens pédagogiques supplémentaires, ce qui pourra permettre de convaincre tout le monde de s’engager au sein de ces établissements les moins favorisés. Il me semble également important d’avoir une reprise du dialogue en construisant davantage la solution avec les acteurs concernés.
C’est donc plus sur la méthode et les moyens proposés, qui entrainent déjà une dynamique de fuite vers d’autres secteurs géographiques ou vers le privé, que je suis défavorable que sur la finalité d’un tel projet.

Dans les territoires où l’évitement crée une ségrégation inacceptable, l’État pourrait imposer aux parties concernées d’agir. Qu’en pensez-vous ?

Sans nul doute, l’Etat doit porter l’intérêt général et prendre ses responsabilités.
Dans le projet que nous portons, nous pensons que cette prise des responsabilités doit passer par la mise en oeuvre d’un programme, qui constitue le plan le plus ambitieux depuis la création des zones d’éducation prioritaires en 1983 et qui va permettre de créer une mise en mouvement de l’ensemble des acteurs.
Au surplus, chaque collège et chaque lycée bénéficiera d’un diagnostic tous les 3 ans, qui portera sur les missions de l’établissement, qui mobilisera l’équipe de direction, l’équipe pédagogique, mais également les parents et les élèves, ainsi que les associations locales. Or, les éléments de ce diagnostic seront opposables aux Rectorats ainsi qu’aux Collectivités dans le cadre des engagements qui sont les leurs auprès des établissements.
Grâce à ces mécanismes, l’Etat pourra pleinement prendre ses responsabilités lorsque cela sera nécessaire.

Selon vous, l’enseignement privé devrait-il être soumis à des règles pour accueillir des élèves d’une plus grande diversité sociale et scolaire ? Si oui, comment ? Sinon, pourquoi ?

Le projet présidentiel porte une exigence réaffirmée pour une école publique d’équité et de qualité pour tous. C’est le sens des mesures annoncées pour la rentrée 2017, particulièrement dans les territoires de la République où se concentrent les difficultés.
Il faut se départir des caricatures qui nous font parfois oublier la mission de l’école. Les considérations politiciennes ou l’opposition systématique entre public et privé doivent être dépassées, c’est le destin de notre pays qui se joue à l’école.
Durant le quinquennat, il nous faudra lutter contre deux maux qui gangrènent notre école : l’échec scolaire et le trop grand déterminisme social dans le destin scolaire des élèves.
Les réponses à ces deux grandes problématiques doivent se construire d’abord dans les établissements publics mais aussi avec l’enseignement privé, qui est ouvert à des discussions et à des avancées sur ces questions.
Enseignement public et privé peuvent élaborer, ensemble, des objectifs ambitieux en matière de mixité sociale. Des expérimentations intéressantes le montrent, comme à Redon par exemple.
Ce n’est que si nous parvenons collectivement à atteindre ces grands objectifs que nous redonnerons tout son sens à la promesse républicaine d’égalité des chances.

Quelle priorité accorderez-vous à ces problématiques dans votre action au sein de l’Assemblée nationale ?

Dans les réunions publiques que j’ai tenues et depuis le début de la campagne des législatives, j’ai eu l’occasion de présenter mes chantiers prioritaires pour ma circonscription : la réussite de notre projet pour l’Education est au coeur de ces priorités.
Je considère que m’engager pour réussir sur cet enjeu essentiel pour l’avenir du pays doit donc être également au coeur de mes actions à l’Assemblée nationale. Je souhaite le faire dans une logique qui ne visera pas à défaire systématiquement les projets portés par les gouvernements précédents mais bien à faire plus pour l’Ecole pour retrouver de l’excellence partout.

Quelles actions envisagez-vous ?

Si je suis élu député, je soutiendrai avec force, pour nos sept établissements primaires et nos 8 écoles maternelles classés en Réseau d’Education prioritaire (REP), le projet de diviser par deux les effectifs des classes de CP et de CE1 à partir de la rentrée de septembre, parfois avec deux enseignants par classe quand il ne sera pas possible d’avoir deux classes.
Pour tous, je porterai également le projet que chaque élève soit accompagné après la classe et bénéficie de stages de remise à niveau en fin d’été entre le CP et le CM2. Je soutiendrai la nécessité que, dans chaque collège et lycée, que les parents et les élèves, de même que, pourquoi pas, les animateurs et associations impliqués dans l’établissement participent à un diagnostic sur l’ensemble des missions de l’établissement (enseignement, projets pédagogiques, infrastructures) qui aura lieu tous les 3 ans.
Je souhaite enrichir le lien qui doit exister entre le citoyen et l’élu qui le représente à l’Assemblée Nationale. Notamment, sur des sujets aussi fondamentaux que ceux tenant à l’éducation, il me semble primordial que des échanges soient menés, en amont, sur les territoires.
Le travail mené par votre Collectif me semble essentiel et doit être encouragé.
Si je suis élu député, c’est avec des acteurs qui sont sur le terrain et qui connaissent leurs territoires, des acteurs comme votre Collectif, que j’échangerai en priorité, pour porter ensuite avec force et détermination, à l’Assemblée Nationale, des projets que nous aurons préalablement discutés.

Les réponses de Colombe Brossel à notre questionnaire

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LES RÉPONSES AU QUESTIONNAIRE DU COLLECTIF APPRENDRE ENSEMBLE
 DE COLOMBE BROSSEL, CANDIDATE DU PARTI SOCIALISTE
AUX LÉGISLATIVES DANS LA 17ème CIRCONSCRIPTION

Selon vous, quelles mesures faut-il prendre pour lutter contre la forte ségrégation sociale qui existe dans les établissements scolaires du 18e et du 19e arrondissement ?

La mixité sociale et scolaire est un enjeu majeur pour notre jeunesse car elle à la fois la condition de la réussite de tous et un outil d’émancipation et d’ouverture aux autres. Pour atteindre une mixité effective dans les établissements tous les leviers doivent être activés. Bien entendu l’un d’eux est la définition des périmètres de recrutement des écoles et collèges. Mais force est de constater les phénomènes d’évitement de certains établissements par des familles qui pourtant vivent à proximité. C’est pourquoi les cartes scolaires mêmes équilibrées avec soin nécessitent également que des moyens conséquents soient investis dans ces établissements pour les rendre attractifs : travaux, projets, voyages, portes ouvertes, résidences d’artistes, options rares, présence d’adultes en nombre suffisant…  Seul un engagement du quotidien sur tous les fronts peut inciter les familles plus favorisées à inscrire leurs enfants dans leur établissement public de secteur, c’est le travail dans lequel se sont engagées les équipes municipales auxquelles j’ai appartenues depuis 2008.

Quel regard portez-vous sur l’expérimentation des secteurs multi-collèges dans le 18è arrt ?

J’y ai été et y suis toujours extrêmement favorable. Par ce qu’il n’y a pas de remède miracle pour faire progresser la mixité sociale et scolaire dans les écoles, expérimenter de nouvelles solutions, surtout lorsqu’elles ont été pensées en concertation avec des chercheurs, les communautés éducatives et les élus, est même une nécessité tant que les disparités entre établissements seront si fortes. Cette idée d’ailleurs fait partie des  pistes évoquées depuis de nombres années  par des rapports parlementaires ou des études scientifiques qui constatent année après année à la fois la dangerosité des politiques de « libre choix » ou d’assouplissement de la carte scolaire et l’inefficacité du système actuel. Pourquoi même ne pas imaginer des secteurs « à cheval » sur plusieurs départements, ou communs à plus de deux collèges, quand cela est possible ?

Des solutions nouvelles sont encore à inventer, et pour moi, réduire les inégalités, faire de nos établissements de véritables creusets républicains, permettre aux générations futures de vivre, de grandir et d’étudier ensemble en citoyens éclairés, dans les meilleures conditions, sont des enjeux qui mériteraient même un véritable débat national.

Dans les territoires où l’évitement crée une ségrégation inacceptable, l’État pourrait imposer aux parties concernées d’agir. Qu’en pensez-vous ?

Avoir des indicateurs communs de mixité des établissements est un préalable qui me semble nécessaire. Savoir de quoi l’on parle et le mesurer est la condition à toute ambition partagée. Et l’idée d’établir par exemple un seuil minimal d’élèves boursiers par établissement, sorte de LRU scolaire qui, couplée à la présence de classes à pédagogies adaptées, qui permettrait aux établissements situés dans les quartiers les plus privilégiés d’être plus mixtes socialement et scolairement pourrait tout à fait être elle aussi expérimentée. Pour atteindre cet objectif il faut engager un dialogue avec l’ensemble des parties concernées : pouvoirs publics et communautés éducatives, afin de susciter l’adhésion du plus grand nombre, qu’il s’agisse de l’instauration dès le collège d’une sectorisation « multicritères », d’un travail sur le réseau de transport ou l’anonymisation des procédures d’inscription.  Dans le même temps il conviendrait de reposer la question du partage de compétence entre les départements qui définissent encore les périmètres de recrutement des collèges (sur quels critères, avec quels objectifs, quelle méthode, quels outils, quel calendrier) et les services académiques qui eux affectent les élèves, et donc accordent aujourd’hui les dérogations à ces mêmes périmètres.

Par ailleurs il est important de veiller à ne pas « vider » de leurs bons éléments les établissements des quartiers populaires, sous couvert de l’idée noble de permettre à tous le meilleur. Je ne souhaite pas un système scolaire qui condamnerait les moins bons à ne grandir qu’entre moins bons, et les meilleurs à n’évoluer qu’entre meilleurs.  Pour que les établissements les plus ghettoïsés deviennent véritablement attractifs il faut d’une part les engager dans les plans de renouvellement urbain et de mixité de l’habitat et d’autre part leur proposer des moyens supplémentaires pour mener des projets d’établissements innovants et audacieux (par exemple des jumelages avec des institutions culturelles, scientifiques, ou avec des établissements étrangers…).

Mais si les différentes démarches de concertation n’aboutissent pas, alors l’État doit jouer son rôle de régulation au niveau national et mettre en œuvre les leviers d’action.

Les secteurs multi collèges qui se mettent en place à l’échelle nationale et à Paris doivent être vus comme des premiers pas, dont il faudra tirer toutes les leçons, afin de généraliser cette pratique.

Selon vous, l’enseignement privé devrait-il être soumis à des règles pour accueillir des élèves d’une plus grande diversité sociale et scolaire ? Si oui, comment ? Sinon, pourquoi ?

A la veille de la rentrée des classes, Thomas Piketty avait publié un article sur la mixité sociale dans les collèges à Paris proposant de faire rentrer les collèges privés (sic.) dans une procédure commune d’affectation des élèves aux collèges”. Cet engagement de l’enseignement privé est nécessaire. Mais ne nous leurrons pas, imposer en contrepartie d’un financement public à ces établissements des élèves socialement plus défavorisés ne garantirait pas plus de mixité, ni sociale, ni scolaire, dans les établissements publics, et cela pourrait même, si c’est le seul levier activé, rendre moins lisible la spécificité de l’offre publique d’éducation, sauf à lever les derniers verrous à l’intégration des établissements qui remplissent des missions de service public et en remettant en question le statut de contrat d’association. Il faut donc prendre à bras le corps la question de la concurrence scolaire. Et force est de constater que là où la puissance publique s’est désengagée une offre alternative d’enseignement s’est constituée. Afin d’assurer à chaque enfant, famille et équipe éducative, une offre publique d’enseignement de qualité et de proximité, il est donc urgent de mettre fin à la double concurrence qui frappe nos écoles et engager ces deux chantiers dans un même mouvement. Pour que les familles ne soient plus tentées de voir si l’herbe ne serait pas plus verte ailleurs il faut redonner confiance dans l’école ou le collège de quartier. Mais tant que subsistera une offre attractive d’enseignement alternatif, nous ne pourrons aspirer qu’à être les bons élèves d’un mauvais système. Enfin, si l’engagement de l’enseignement privé est utile, il doit être clairement encadré. Mettre en œuvre l’objectif de mixité sociale ne doit pas faire oublier l’enjeu essentiel de la réussite pour tous. Ainsi, afficher plus de mixité dans un établissement, par exemple en ne recrutant que les meilleurs élèves issus de familles moins aisées, permettrait certes plus de mixité sociale mais ne remplirait en rien les objectifs fixés en matière de réussite. Il faut donc dialoguer avec confiance avec les responsables de l’enseignement privé mais ne pas ignorer les spécificités de leurs capacités à recruter.

Quelle priorité accorderez-vous à ces problématiques dans votre action au sein de l’Assemblée nationale ?

C’est en tant que femme de gauche, engagée dans un travail de fond auprès des habitants-e-s et des associations dans chacun de nos quartiers, soucieuse de placer la lutte contre les inégalités au cœur des politiques publiques, que je me présente pour être élue à l’Assemblée Nationale. Forte de ces valeurs, mes priorités seront l’éducation, d’abord et toujours, la transition écologique, la défense de nos services publics et de notre modèle social, la lutte contre le racisme et les discriminations et la refondation de l’Europe. Depuis que je suis engagée, dans le monde associatif comme en politique, l’égalité et la justice sociale ont toujours guidé mes décisions, et j’ai notamment eu l’honneur de mettre cet engagement au service des Parisiens lorsque j’ai été nommée adjointe en charge des questions d’éducation et de la réussite éducative en 2008. C’est avec la même conviction que je continuerai à me battre pour un système d’éducation plus juste pour les citoyens de demain si je suis élue députée.

Quelles actions envisagez-vous ?

Députée, je m’engage à :

  • Soutenir le recrutement d’enseignants, afin de réduire le nombre d’élèves par classe, permettre le remplacement systématique des enseignants absents, notamment dans les quartiers populaires. Tout faire pour éviter les fermetures de classe afin de maintenir un nombre bas d’élèves par classe ;
  • Accroître la formation proposée aux enseignants, afin qu’ils puissent bénéficier du droit élémentaire à la formation, mais aussi être remplacés lorsqu’ils s’absentent ;
  • Promouvoir la création d’un service public du soutien scolaire pour donner aux élèves les mêmes chances de réussir à l’école ;
  • Développer le soutien de l’Etat au soutien aux familles : en soutenant les crèches et haltes-garderies reconnues comme facteur d’insertion professionnelle, en développant les lieux d’actions parents enfants pour le soutien à la parentalité ;
  • Développer les passerelles maternelle/élémentaire et élémentaire/collège afin de soutenir les enfants dans ce moment particulier de leur scolarité.

 

Les réponses de Caroline de Haas à notre questionnaire

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LES RÉPONSES AU QUESTIONNAIRE DU COLLECTIF APPRENDRE ENSEMBLE DE 
CAROLINE DE HAAS, CANDIDATE EELV
AUX LÉGISLATIVES DANS LA 18ème CIRCONSCRIPTION

Selon vous, quelles mesures faut-il prendre pour lutter contre la forte ségrégation sociale qui existe dans les établissements scolaires du 18e arrondissement ?

Plusieurs solutions existent.

A court terme, lutter contre la « fraude scolaire » de parents d’élèves qui contournent délibérément la carte scolaire. Cela passe par des sensibilisations auprès des parents, la formation des directions d’écoles pour refuser les contournements et la mise en place de sanctions qui s’appliquent.

A moyen terme, nous pouvons également travailler à accentuer la mixité sociale dans les quartiers afin qu’elle se reflète également dans les établissements. Cela passe par une politique ambitieuse de rénovation des logements et d’acquisition d’immeubles pour élargir le parc social. Cela passe également par des investissements de l’Etat et des collectivités en matière de services publics, d’offre sportive ou culturelle et d’aménagement du territoire.

Quel regard portez-vous sur l’expérimentation des secteurs multi-collèges dans le 18e arrondissement ?

Favorable

Pourquoi ?

D’après le bilan tiré par l’association « Collectif apprendre ensemble », cette expérimentation permet de rétablir une mixité qui n’aurait jamais du disparaître de ces établissements. En mettant les moyens nécessaires et en impliquant les parents, il est manifestement possible de faire bouger les choses : je m’en réjouis !

Dans les territoires où l’évitement crée une ségrégation inacceptable, l’État pourrait imposer aux parties concernées d’agir. Qu’en pensez-vous?

L’Etat a le pouvoir de réunir autour d’une table toutes les personnes concernées par un sujet et de les inciter à travailler ensemble. Nous aurions tort de nous en priver. En matière d’éducation, l’implication des enseignant.e.s, des parents, des centres d’animations comme des associations locales est déterminante.

Selon vous, l’enseignement privé devrait-il être soumis à des règles pour accueillir des élèves d’une plus grande diversité sociale et scolaire ?

Oui

Comment ? 

Nous pourrions imaginer faire évoluer la loi pour que l’enseignement privé soit soumis à la carte scolaire. Si cela n’est pas envisageable à court terme, un compromis pourrait être trouvé à travers des objectifs de mixité sociale donnés à chaque chef.fe d’établissement.

Quelle priorité accorderez-vous à ces problématiques dans votre action au sein de l’Assemblée nationale ?

 La qualité de l’éducation que reçoivent nos enfants est une condition sine qua none d’une société qui grandit et progresse. Je m’engagerai de toutes mes forces sur ces sujets en tant que députée pour faire bouger les lignes. Je serai à votre disposition pour échanger, construire, travailler et interpeller le gouvernement.

Quelles actions envisagez-vous ?

En tant que parlementaire, je peux agir de plusieurs manières :

  • En portant une proposition de loi sur ce sujet ou en portant des amendements dans les projets de loi du gouvernement sur l’éducation
  • En réunissant les acteurs et actrices de la thématique à l’Assemblée pour offrir une visibilité à l’enjeu de mixité sociale dans les établissements.
  • En participant à une mission parlementaire ou à la rédaction d’un rapport parlementaire sur la mixité sociale en France afin de disposer d’un état des lieux précis, de tracer des perspectives de solutions avec des professionnel.le.s et de pousser ainsi le gouvernement à prendre des engagements.
  • En agissant sur le budget pour favoriser chaque année des mesures en faveur de la mixité sociale dans les établissements scolaires

Une fois élue, je vous proposerai une rencontre afin d’identifier ensemble les meilleurs moyens d’agir !

Les réponses de Paul Vannier à notre questionnaire

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LES RÉPONSES AU QUESTIONNAIRE DU COLLECTIF APPRENDRE ENSEMBLE DE 
PAUL VANNIER, CANDIDAT DE LA FRANCE INSOUMISE
AUX LÉGISLATIVES DANS LA 18ème CIRCONSCRIPTION

Selon vous, quelles mesures faut-il prendre pour lutter contre la forte ségrégation sociale qui existe dans les établissements scolaires du 18e arrondissement ?

La ségrégation scolaire est un processus particulièrement prononcé dans le 18e arrondissement de Paris. Elle est renforcée par les contre-réformes éducatives conduites sous les quinquennats de Nicolas Sarkozy et de François Hollande. Il y a urgence à agir pour toutes celles et ceux qui demeurent attachés au projet d’une Ecole de l’égalité et de l’émancipation, d’une École creuset, d’une École républicaine.

Pour lutter contre la ségrégation scolaire j’agirai en tant que député en votant une loi conduisant à la création d’un groupe de travail chargé de refondre la carte scolaire à l’horizon 2020. Ce groupe associera les ministères de l’éducation nationale mais aussi du logement, des transports et de l’aménagement du territoire car la ségrégation scolaire a d’abord ses sources dans la ségrégation résidentielle. Ce groupe associera également les associations de parents d’élèves, les syndicats enseignants et les collectivités territoriales. Cette carte scolaire refondue intégrera les établissements privés qui jouent un grand rôle dans les mécanismes de contournements scolaires, en particulier dans le 18e arrondissement.

Enfin, j’agirai en soutien aux associations travaillant auprès des parents d’élèves. Car nombre de pratiques d’évitement trouvent leurs sources dans une méconnaissance ou des représentations souvent infondées. C’est, je crois, le travail de votre collectif « Apprendre ensemble » qui, dès lors, est d’intérêt général.

Quel regard portez-vous sur l’expérimentation des secteurs multi-collèges dans le 18e arrondissement ?
L’expérimentation des secteurs multi-collèges dans le 18e arrondissement peut être vue positivement dès lors qu’elle semble s’inscrire dans la recherche d’une plus grande mixité sociale. Mais cette expérimentation m’apparaît comme de trop petite portée pour apporter des solutions véritables aux questions qui nous préoccupent. D’abord les périmètres sont trop étroits et mêlent des établissements REP. Ensuite la question du privé – décisive – est laissée de côté. Enfin, l’objectif de mixité scolaire, et non pas seulement sociale, n’est pas pris en compte.

En tant que député, représentant de la Nation, j’agirai donc à d’autres échelles et de façon globale pour parvenir véritablement à davantage de mixité.

Dans les territoires où l’évitement crée une ségrégation inacceptable, l’État pourrait imposer aux parties concernées d’agir. Qu’en pensez-vous ?

Le rôle de l’Etat est de garantir l’égalité de traitement et d’accès de tous les élèves quel que soit l’établissement qu’ils fréquentent. Au-delà des dispositifs législatifs que j’ai préalablement décrits, l’Etat peut intervenir en amont en formant les personnels de direction à une meilleure information des familles. En aval, il doit lutter contre les pratiques telles les fausses domiciliations.

Enfin et surtout, l’Etat doit mobiliser ses moyens pour restaurer la qualité du service public d’éducation, en lui allouant les moyens nécessaires à la satisfaction des besoins éducatifs de tous les élèves.

Selon vous, l’enseignement privé devrait-il être soumis à des règles pour accueillir des élèves d’une plus grande diversité sociale et scolaire ?

L’enseignement privé jouit aujourd’hui d’un financement public très important, de l’ordre de 10 milliards d’euros par an. Si notre objectif de moyen terme est la mise en œuvre du principe « fonds publics à l’école publique », nous proposons de conditionner immédiatement le financement public du privé à l’intégration par ce dernier de l’ensemble des règles auxquelles est astreint l’école publique. L’intégration à la carte scolaire sera la première de ces règles.

Quelle priorité accorderez-vous à ces problématiques dans votre action au sein de l’Assemblée nationale ?

Enseignant, porte-parole éducation de Jean-Luc Mélenchon, coordinateur du livret éducation de la France insoumise, je ferai des questions éducatives l’une des priorités de mon mandat de député.

Quelles actions envisagez-vous ?

A l’Assemblée nationale, je solliciterai notamment mes collègues du groupe France insoumise en vue de la constitution d’une commission d’enquête parlementaire s’intéressant aux financement des établissements scolaires privés ou aux liens entre le ministère de l’Éducation nationale et les grandes entreprises privées de notre pays.

Dans ma circonscription je serai aux côtés des parents d’élèves et des enseignants mobilisés pour la défense du service public d’éducation.

Les réponses de Ian Brossat à notre questionnaire

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LES RÉPONSES AU QUESTIONNAIRE DU COLLECTIF APPRENDRE ENSEMBLE
 DE IAN BROSSAT, CANDIDAT PCF
AUX LÉGISLATIVES DANS LA 17ème CIRCONSCRIPTION

Selon vous, quelles mesures faut-il prendre pour lutter contre la forte ségrégation sociale qui existe dans les établissements scolaires du 18e et du 19e arrondissement ?
L’Académie de Paris est aujourd’hui celle où les inégalités d’un établissement à l’autre sont les plus fortes. La ségrégation sociale dans les établissements scolaires est évidemment liée à la politique de la ville : en la matière, permettre le développement d’une offre de logement accessible dans tous les quartiers de la capitale est une priorité. Maire adjoint en charge du logement, j’ai lancé le chantier du rééquilibrage territorial pour en finir avec les ghettos de riche. Tous les quartiers doivent prendre part à l’effort de solidarité, en accueillant des logements sociaux comme la loi le prescrit. Aujourd’hui, un effort prioritaire est fait dans les quartiers de l’Ouest parisien, en fort déficit.

Mais l’assouplissement de la carte scolaire et l’instauration d’une concurrence entre les établissements, y compris au sein du service public, ont renforcé cette ségrégation, à la fois sociale et scolaire. Face à une offre éducative de plus en plus différenciée, le modèle du « parent stratège » s’est imposé. La mixité sociale et scolaire, essentielle à la réussite de tous comme à la construction d’une culture commune, ne peut pas dépendre des choix individuels de chacun : elle doit devenir un cadre contraignant des politiques éducatives, au niveau national comme au niveau local.

Nous avons besoin d’une politique en rupture avec les logiques de concurrence entre les établissements, et qui se donne pour ambition de garantir l’égalité des conditions d’apprentissage partout. Cela implique de reconnaître que tous les élèves sont capables d’apprendre et de progresser, que tous les parents sont des interlocuteurs légitimes.

Pour lutter contre la ségrégation, le plus efficace est de lutter contre la hiérarchisation des établissements en agissant sur les moyens humains et matériels et sur l’offre éducative.

  • Rompre avec l’austérité pour augmenter la dépense d’éducation, en finir avec la pénurie, créations de postes et pré-recrutements
  • Politique volontariste d’ouverture de filières ou d’options pour équilibrer l’offre de formation
  • outils de mesure et d’affectation des moyens plus fins, qui permettent d’éviter les effets de seuil et de concurrence liés à la labellisation des établissements.

La réforme du collège, avec les 20% du temps d’enseignement qui varieront d’un collège à l’autre, aggrave la concurrence entre les établissements. J’agirai pour le retour à des horaires nationaux.

La sectorisation est un outil efficace au service de la mixité sociale et scolaire, lorsqu’elle est pensée à la fois pour le primaire et le secondaire et qu’elle s’appuie sur des constructions ou des rénovations d’établissements, comme ça a été le cas dans le 17e arrondissement. Elle doit cependant être articulée à des procédures d’affectation transparentes, justes, élaborées démocratiquement. Je suis donc favorable au retour à une carte scolaire contraignante, élaborée en lien avec les familles. À l’assemblée nationale, je travaillerai pour renforcer le dialogue entre les différentes instances dont dépendent la sectorisation (conseil d’arrondissement pour les écoles primaires, conseil de Paris pour les collèges) et l’affectation (rectorat).

Enfin, la politique de lutte contre la ségrégation sociale et scolaire doit impliquer tous les parents. Les récents débats sur les secteurs multi-collège dans le 18e ont fait la preuve de l’expertise des familles sur l’école, sur l’espace urbain, sur la réalité des difficultés et les réponses à y apporter. L’engagement des familles dans la conception et la mise en œuvre des politiques est une garantie d’efficacité. Député, j’agirai pour créer de nouveaux espaces de démocratie et favoriser l’engagement citoyen.

Quel regard portez-vous sur l’expérimentation des secteurs multi-collèges dans le 18e arrondissement ? Pourquoi ?
L’expérimentation des secteurs multi-collèges dans le 18e arrondissement est un premier pas vers une éducation moins ségréguée, capable de construire une culture commune ambitieuse pour tous nos enfants. Elle pose cependant encore de nombreux problèmes, qu’il nous faudra résoudre ensemble.

La mise en place de secteurs larges est une bonne nouvelle pour la mixité, d’autant qu’elle s’accompagne de moyens humains et matériels pour les collèges concernés (25 élèves par classe, même dotation qu’en REP, ouvertures de nouvelles options).

Cependant, la question des modalités d’affectation des élèves n’est pas résolue. Si je pense nécessaire de ne pas laisser aux familles la responsabilité d’un soi-disant « choix » qui les met en concurrence les unes avec les autres, je crois aussi que les procédures d’affectation doivent être transparentes et construites avec les parents.

C’est d’autant plus nécessaire que l’enseignement privé ne participe pas au dispositif. Aujourd’hui, les collèges privés voisins des quatre collèges concernés attirent déjà une grande partie des meilleurs élèves du secteur. Ils contribuent ainsi, beaucoup plus que les collèges publics, à la ségrégation scolaire. Comment faire pour que l’expérimentation des nouveaux secteurs n’ait pas pour effet pervers de nouvelles fuites vers le privé ? D’une part, je veux agir pour imposer à l’enseignement privé sous contrat de participer à l’objectif de mixité sociale et scolaire. D’autre part, je crois essentiel d’impliquer tous les parents dans la mise en œuvre des politiques éducatives, pour rompre avec le modèle du parent stratège et construire l’engagement de l’ensemble des familles pour la mixité sociale et scolaire, la construction d’une culture commune ambitieuse, la réussite de tous. Un collectif comme le vôtre est un partenaire essentiel de l’action publique sur ce sujet.

Dans les territoires où l’évitement crée une ségrégation inacceptable, l’État pourrait imposer aux parties concernées d’agir. Qu’en pensez-vous ?

Je pense en effet que l’État doit prendre ses responsabilités : la mixité sociale et scolaire ne peut pas rester facultative. Elle doit devenir un cadre obligatoire des politiques éducatives, et c’est bien à l’État d’en être le garant. Si l’action publique peut se décliner au niveau territorial, l’État doit en construire les objectifs et les cadres, et doit assurer la convergence des politiques menées au niveau municipal (école primaire), au niveau départemental (collège), au niveau de l’académie.

Selon vous, l’enseignement privé devrait-il être soumis à des règles pour accueillir des élèves d’une plus grande diversité sociale et scolaire ?

Oui. Aujourd’hui, les établissements privés sont des acteurs majeurs de la ségrégation sociale et scolaire à Paris. C’est un effet de la dégradation des conditions d’apprentissage dans le public, et il est donc essentiel de renforcer le service public d’éducation pour lui donner les moyens d’accueillir et de faire réussir tous les élèves. Mais il est aussi nécessaire d’imposer des contraintes nouvelles à l’enseignement privé.

Comment ?

L’existence de l’enseignement privé résulte d’un droit de nature constitutionnelle. Il peut donc paraître difficile de légiférer sur l’enseignement privé. Cependant, la constitution garantit la liberté de conscience, pas la libre concurrence dans le système d’enseignement. Les parlementaires ont donc un espace pour agir. D’ailleurs, les mesures récentes d’encadrement des établissements privés hors contrat montrent bien qu’une plus grande action régulatrice de l’Etat est possible.

Dans le contexte actuel, il est légitime de limiter l’expansion de l’enseignement privé au nom de la mixité sociale et scolaire. L’expérimentation a tenté d’œuvrer dans ce sens en association l’enseignement privé à la réflexion sur la mixité sociale : cela n’a pas suffi. Je m’engagerai pour l’intégration de l’enseignement privé dans la sectorisation. Les modalités de cette intégration devront être élaborées démocratiquement et de manière transparente.

J’agirai aussi pour une régulation plus forte des financements apportés à l’enseignement privé : d’une part pour mettre fin à l’obligation faite aux collectivités locales de financer l’enseignement privé ; d’autre part pour limiter les financements facultatifs.

Le contexte actuel, l’exigence de mixité sociale et scolaire, les besoins de développement et de renforcement du service public, doivent nous conduire à poser la question d’une intégration progressive de l’enseignement privé sous contrat dans le service public national. J’agirai pour ouvrir ce débat avec l’ensemble de la population.

Quelle priorité accorderez-vous à ces problématiques dans votre action au sein de l’Assemblée nationale ?

Il y a urgence. Notre société est en crise parce qu’elle est malade de ses inégalités. Mon combat prioritaire demain à l’Assemblée nationale comme aujourd’hui à la Mairie de Paris, c’est la lutte contre ces inégalités, la construction d’une « France en commun ». L’éducation y joue un rôle essentiel. L’école est le lieu où les citoyens de demain peuvent construire ensemble ce qu’ils auront en commun, ce qui leur permettra de débattre, de décider et d’agir ensemble. La crise profonde que traverse notre école met en danger l’avenir de notre société. Il est urgent d’y répondre, en donnant des moyens nouveaux au service public, mais aussi en mettant ces moyens au service de l’égalité.

Quelles actions envisagez-vous ?

  • Porter le budget de l’éducation nationale à 7 % du PIB.
  • Pour enseigner des savoirs plus complexes à plus d’enfants, il faut du temps : droit à l’école dès 2 ans pour les familles qui le souhaitent ; allongement de la scolarité obligatoire de 3 à 18 ans ; rétablissement de la demi-journée d’école supprimée en primaire ; allongement du temps scolaire pour que toute l’école puisse se faire à l’école.
  • Faire le bilan des réformes libérales engagées par les précédents gouvernements ; sortir de l’impasse des rythmes scolaires en repensant les temps éducatifs et les parcours pédagogiques et en créant un service public national déconcentré du loisir éducatif ; instauration de mesures immédiates d’accompagnement des nouveaux programmes en primaire et au collège ; suppression de la réforme actuelle du collège et ouverture d’une concertation pour la démocratisation de la réussite au collège.
  • Des personnels formés, partout : revalorisation des salaires et des métiers de l’Éducation nationale ; plan pluriannuel de création de postes ; création d’un dis- 36 positif de prérecrutement des enseignant-e-s sous statut de la fonction publique, relance de leur formation initiale et continue.
  • Rétablissement d’une carte scolaire contraignante et démocratiquement construite, sectorisation de l’enseignement privé, suppression de l’obligation faite aux collectivités locales de le subventionner et intégration progressive de l’enseignement privé sous contrat au service public de l’Éducation nationale ; construction d’une carte nationale des formations publiques ; création d’un observatoire national paritaire des inégalités.
  • Création d’un observatoire national des programmes composé d’acteurs-trices de l’éducation, d’élu-e-s et de citoyen-ne-s et chargé de faire évoluer les programmes en fonction des retours du terrain et de l’objectif de réussite de toutes et tous ; une même ambition pour tous les enfants : ce sont les programmes qui définiront les contenus et les objectifs de l’enseignement pour tous ; introduction des cultures technologique et professionnelle dans les programmes scolaires dès le début de la scolarité obligatoire.

Rencontres avec les candidats aux législatives dans le XVIIIème

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Dans le cadre de la campagne aux législatives, nous rencontrerons tous les candidats des 3e, 17e et 18e circonscriptions qui le souhaitent. Lors de ces rencontres, nous leur présenterons un état des lieux de la ségrégation sociale dans les établissements scolaires de notre arrondissement.
Nous proposerons aussi un court questionnaire à chacun des candidats. Nous espérons qu’ils profiteront de cette opportunité pour présenter les solutions qu’ils proposent et les actions qu’ils comptent mener dans le cadre de leur mandat de député. Les réponses seront publiées sur ce site. 

Les candidats qui le souhaitent peuvent nous contacter à l’adresse : contact@collectif-apprendre-ensemble.fr.

Une petite fable sur la mixité

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Il était une fois un village où il y avait un club de foot.

Quatre enfants du village qui adoraient regarder les matchs à la télévision, mais n’avaient jamais beaucoup joué, décidèrent un jour de s’inscrire au club.

Après le premier entraînement, l’entraineur composa l’équipe en laissant ces quatre enfants moins expérimentés sur le banc de touche. L’équipe gagna, ce qui sembla lui donner raison, et il ne changea pas ses choix les dimanches suivants. Les quatre enfants qui regardaient les matchs depuis le banc de touche jouaient donc moins que les autres, et le reste de l’équipe progressait au fur et à mesure des matchs.

L’envie de jouer des quatre enfants n’avait pas faibli, mais à l’entraînement, on les mettait de plus en plus souvent à part, afin que leur manque de technique ne gêne pas les activités des autres.

Leur niveau devenait beaucoup moins bon que celui de leurs camarades et ils n’avaient pas l’air heureux. Pourtant l’entraîneur, pour les réconforter, leur donnait des places pour assister aux matchs du club professionnel de la ville voisine en étant ramasseurs de ballons.

Un jour, lors de la fête annuelle du club, les quatre garçons refusèrent de poser sur la photo d’équipe. Ils annoncèrent qu’ils arrêtaient le foot et se mettaient à la belote pour être sûrs de jouer tous les quatre. Tout le monde s’interrogea et il se dit vite dans le village que ces enfants ingrats n’avaient malheureusement pas l’esprit d’équipe, et n’étaient faits ni pour le foot, ni pour la compétition.

Toute ressemblance de cette équipe avec l’école française, voire sa société n’est bien sûr pas fortuite, à chacun d’en tirer la morale qui lui plaira.

 

Par le Collectif Jouer Apprendre Ensemble

 

Happy End ?

Cependant, la semaine suivante, le village fut touché par une forte épidémie de grippe, et il manquait juste quatre joueurs le dimanche pour la finale. Le président du club appela alors les quatre enfants qui acceptèrent de réintégrer l’équipe dans ces circonstances difficiles et la victoire fut belle !

Il fut ensuite décidé qu’à partir de maintenant tous les enfants joueraient dans l’équipe. Le club ne cessa plus de recruter, tous les enfants voulurent s’inscrire. Les bons joueurs continuèrent à être pris dans la sélection départementale, car le peu qu’ils avaient perdu en temps de jeu était vite rattrapé, et ils avaient beaucoup gagné sur le plan collectif et tactique.

Nathalie Mons : «La mixité sociale est un avantage pour tous les élèves sans exception»

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Dans Libération, un entretien de la sociologue de l’éducation Nathalie Mons qui va dans le sens de ce que nous défendons :

“Le sujet a longtemps fait débat, les études récentes arrivent toutes à la même conclusion : la mixité a des effets positifs ou neutres sur les résultats scolaires de l’immense majorité des élèves. A l’exception d’une toute petite élite, qui réussit un peu moins bien scolairement quand elle se retrouve mélangée à des élèves différents.

Mais je ne parle là que de l’impact sur les résultats scolaires. Si l’on regarde les effets de la mixité en termes de cohésion sociale, là, tous les élèves sans exception y gagnent. Même le haut de l’échelle ! La petite élite a tout intérêt à être entourée d’élèves ne venant pas du même milieu, au risque, sinon, de porter un handicap social les pénalisant dans leur vie professionnelle future.”

http://www.liberation.fr/france/2015/10/18/nathalie-mons-la-mixite-sociale-est-un-avantage-pour-tous-les-eleves-sans-exception_1406802